Cette épreuve de Lédenon, nous ne voulions pas y aller. C’est trop loin, et le calendrier est mal fichu avec 3 épreuves en six semaines : Albi (31 Aout – 1er Septembre), Lédenon (21-22 Septembre) et le Val de Vienne (5-6 octobre). Et puis dans notre programme sportif de l’année il y a cette course d’endurance à Charade quelques jours avant le Val de Vienne.
Les mésaventures lors de l’épreuve d’Albi (2 résultats nuls suite à la casse de la transmission en qualifs) nous « obligent » à faire le déplacement pour défendre nos chances. Mais avant de faire ce déplacement, il faut réparer; Et pour réparer, il faut des pièces. Après quelques coup de tel je trouve des solutions : une pompe à huile (de pont) neuve venant d’Angleterre et un pont d’occasion mais révisé, venant d’Espagne. Pour le radiateur de pont qui doit être plein de limaille ce sera grand nettoyage à l’essence.
Il faudra évidemment que UPS perde le colis contenant le pont Quaife d’occasion, qui au passage n’était pas très bien emballé. Trois jours avant l’épreuve nous retrouvons le colis à Nantes. Démontage pour inspection. Alors certes ce pont a été révisé, mais il a servi depuis, et un paquet d’heure. Je manifeste mon mécontentement auprès du vendeur (pro) qui accepte de reprendre la pièce après l’épreuve.
Pont remonté la veille de partir, puis 12 heures de route direction Nîmes et son beau circuit de Lédenon. Je fais toute la route d’une traite, avec Aurélie qui m’abreuve de cafés pour tenir. La route est longue, et je suis fatigué des soirées à réparer la voiture. Pierre Bros (le cousin) nous rejoint sur place en fin de journée pour nous prêter assistance pendant le week-end.
Dans les paddock on est bien installés avec Hervé Maitre. Les prévisions météo sont plus que mitigées. Prévu beau le vendredi et pluie à partir de samedi…
Gros dodo, fatigué par la route, le stress du remontage de la voiture et des enjeux qui vont avec.
Essais du vendredi
Première séance d’essais vendredi matin 9h qui est assez lunaire : le brouillard est présent et rend la piste peu praticable. Le brouillard condense sur la visière et je ne vois rien. Je suis seul en piste heureusement. On a pu valider que le pont fonctionnait, bien que plus bruyant que l’ancien.
Deuxième séance en fin de matinée, il fait beau et très vite je me met dans le rythme ⏱️1’31.0 . Le circuit a été modifié avec:
- l’ajout d’un vibreur à l’extérieur en entrée du virage 5 (virage du pont)
- l’ajout d’un vibreur à l’exterieur en entrée du virage 8 (virage du camion)
ces deux vibreurs ne sont pas praticables en proto. Ils sont fait pour être évités et ça coute du temps car on perd 2 m (largeur d’une voiture) de largeur de piste en entrée de virage.
Changement d’enrobé qui permet de rouler avec un réglage d’amortisseurs plus dur que l’an passé et favorise un peu l’aéro car moins de mouvement de hauteur de caisse.
Malheureusement dans cette séance il y aura un incendie sur le BRC de Eddy Valet 😔problème sur le circuit d’huile….
On attaque la séance 3 dont l’objectif est de retrouver un point de repère dans le virage 10 (première gauche de la servie) qui est en aveugle. Un cone est placé pour les essais, mais rien ne me dit qu’il y sera encore en course. Je cherche donc autre chose car mon point de repère précédent a disparu avec le nouvel enrobé. Je trouve un petit raccord d’enrobé et hop il faut tourner le volant sans voir le virage tout en restant à fond sur l’accélérateur. Ca passe d’abord sur un lâché de gaz, puis un filet de gaz, puis plein gaz. Un tour, deux tours, trois tours … et puis je rate le repère, je tourne le volant 1/10 de secondes trop tard, la voiture tourne sur une partie sale de la piste, tête à queue, bac à gravier.
En attendant la dépanneuse, c’est en train de bouillir sous le capot moteur. Arrêter la voiture d’un coup sans tour de refroidissement ça n’est pas bon. Les commissaires viennent me sortir du bac. La voiture redémarre, puis cale et je vois de la fumée qui sort de l’habitacle accompagnée d’une odeur de plastique brulé. Je coupe le contact et je demande aux commissaires de ne pas déclencher l’extincteur, puis de me ramener à la ficelle dans les paddock pour un bilan des dégâts:
- des graviers partout (on en sortira 3 seaux)
- un bout de diffuseur arraché
- le faisceau moteur qui a brulé à 2 endroits. Contact avec l’échappement ? J’ai aussi retrouvé un connecteur 12v très très proche du boulon de masse….
C’est parti pour une réparation de faisceau fil à fil qui nous occupera jusqu’à 23h sans succès. Il nous manque toujours la commande de pompe à essence. l’ECU n’envoie pas le signal et on ne sait pas pourquoi.
Lorsqu’on rentre à la chambre d’hôtes je n’ai plus les idées très claires (est-ce de l’acharnement ? ou est le plaisir ?) et je suis sur le point de renoncer. Renoncer au meeting, ça veut dire aussi renoncer à la course de Charade. On ne trouvera pas un nouveau faisceau en quelques jours, donc renoncer ce soir ça veut aussi dire mettre fin à la saison. Paradoxalement je n’ai aucun problème à trouver le sommeil.
La nuit a porté conseil
Au réveil mon cerveau m’informe qu’il a une proposition de modification de faisceau qu’il pense être suffisant pour nous faire rouler. Nous voilà avec une solution technique.
Je me re-aligne sur les objectifs du week-end
- Quel est l’objectif ? Marquer les points en course samedi après midi et dimanche
- Quel est le prix à payer ? 4 à 5 heures de mécanique, sacrifier les essais du matin, peut être les qualifs. Rouler un ton en dessous pour assurer et éviter une autre séance de mécanique.
- Est-ce que je peux payer le prix ? Oui avec l’aide de Pierre qui a de l’énergie. Je peux aussi baisser le rythme en piste avec mon petit matelas de points.
Alors on se met au travail. On trouve un 12v après contact sur une taille de fils suffisante, on ajoute un fusible, et on alimente en direct pompe à essence et pompe à eau. On sécurise le faisceau et son extension. La voiture redémarre c’est bon signe. Il faut remonter les différents éléments de la voiture, ses pontons, diffuseur etc.. puis présenter la voiture au contrôle technique et enfin la préparer pour les qualifs. On a travaillé propre et vite. Il nous reste une inconnue : l’ECU est en erreur car il n’arrive pas à commander la pompe à eau ni la pompe à carburant. Vas t’il fonctionner en mode dégradé et limiter la puissance. On ne le saura que sur la piste.
On emmène la voiture en pré-grille pour la séance qualificative. J’arrive à m’endormir quelques minutes dans mon baquet sous le parapluie. Drapeau vert, c’est parti pour la séance qualificative qui donnera un ⏱️1’32.6 assez quelconque. Alors évidemment puisque je freine au T1 et au T10 ça laisse filer des secondes. Mais c’était le prix à payer : rouler un ton en dessous pour amener la voiture au damier. Etre juste devant Eddy au départ, ou bien juste derrière ne change presque rien : il a moins de poids et donc me déposera au départ qui est en montée.
Courses
La qualif nous a mis là ou on imaginait arriver sur la grille, avec une voiture qui fonctionne à son plein potentiel. On présente la voiture pour la première course qui a lieu samedi en fin d’après midi.
Les pilotes de l’écurie wolf occupant les 5 premières places nous font un départ de cochon : le leader met plein gaz à la sortie du dernier virage, et les voitures se mettent en file indienne pour suivre. On est loin du règlement qui décrit les départs lancés en 2 files avec une vitesse entre 70km/h et 90km/h.
Sur ce départ précisément :
- le leader n’a pas respecté les vitesse prescrites et a largement anticipé le départ. Tant que le départ n’est pas donné, il a le role de pace car et doit assurer ce role
- le second n’aurait pas du le suivre, et garder la vitesse d’un départ lancé. Il en aurait découlé une probable pénalité de 30s pour le leader pour départ anticipé
- la direction de course aurait du annuler la procédure de départ et nous faire faire un nouveau tour de formation
Faire un beau départ « dans les règles » est une marque de respect pour les concurrents et aussi pour les spectateurs.
C’est donc parti pour cette course, je choisi initialement l’intérieur mais c’est bouché alors je me décale sur l’extérieur. Les pneus sont froids et la piste est sale à cet endroit. Ca commence à partir au large à la fin du triple gauche. Je corrige suffisamment tôt pour garder de la vitesse et tombe sur une wolf un peu hésitante au freinage du pont. J’en profite pour me caser à l’intérieur et un léger contact roue avant contre roue arrière crée un incident de course.
Avant de voir les images allons lire le règlement sportif, « code of conduct » soit l’annexe L du code sportif FIA et rendons nous page 56, chapitre IV.2 « Dépassements, contrôle de la voiture et
limites de la piste », alinéa b: « Toutefois, des manœuvres susceptibles de gêner les autres pilotes, telles qu’entraîner volontairement un véhicule au-delà du bord de la piste ou procéder à tout autre changement anormal de direction, sont strictement interdites ».
Voici ma position juste avant le contact: les 2/3 de la voiture hors de la piste (sur le vibreur) et le pilote devant qui resserre sa trajectoire.
Sur le moment, mon point de vue est que le pilote de la 53 tourne le volant et m’entraine en dehors de la piste. C’est une infraction à l’article IV.2.b du règlement sportif FIA. Si on oublie un instant le règlement, seul le pilote a l’extérieur peut éviter le contact en élargissant un peu la trajectoire. A l’intérieur on ne peut pas tourner plus (il y a un mur de pneus) ni freiner plus (ça fait moins tourner).
Les conséquences de cet incident de course sont:
- pour le pilote de la 53: un tête à queue dont il repartira
- pour moi ce sera les 2 ailettes avant de cassées et une pénalité de 10 secondes appliquée en fin de course
La pénalité n’aura pas d’incidence sur le résultat. C’était la première course du meeting, première freinage et première incident, je comprends la direction de course qui veut dissuader d’autres incidents en course. D’un autre coté elle aurait pu demander les vidéos des caméras embarquées pour se faire une opinion. J’aurai apprécié un échange pour apprendre de mes erreurs.
Le reste de la course se déroule à suivre le Speedcar de Thierry qui est très à l’aise sur ce circuit, jusqu’à ce qu’un problème technique le fasse ralentir. ⏱️ 1’31.7 ça passe plus fort dans le secteur 1.
A l’arrivée bonne surprise d’être appelé au podium pour la 3è place scratch. Ca a été l’hécatombe devant sur les 5 wolfs au départ une seule arrive à monter sur le podium. Félicitations à Eddy pour sa victoire dans ces conditions.
Samedi soir réparations de la voiture et repas bien plus détendu que la veille. On peut souffler dans l’équipe.
Deuxième course le dimanche midi sous un ciel très menaçant. Même configuration de course derrière le Speedcar de Thierry. Je suis calmement installé pour le faire cavaler et je sais qu’à moins d’une erreur de sa part je n’irai pas le chercher. La consigne est de ne pas prendre de risque. Au drapeau à damier nous sommes séparés de 0,3 secondes, ça devait être un beau spectacle. Arrivée P5 au général, P2 de la catégorie.
Nos résultats en course, notre régularité et notre résilience nous font marquer plus de points que les autres sur le meeting. On arrive dans la fin de la saison avec une petite avance alors🤞.
A la fin du meeting nous prenons la route direction Charade avec une étape au circuit de Bresse pour quelques jours de mécanique sur la voiture puis notre première course d’endurance. A suivre…