En marge de notre campagne en Coupe de France des circuits, nous nous engagions en Sprint Cup avec la Funyo F5 d’Hervé Maitre pour l’épreuve du Mans les 15-16-17 Novembre 2024 (TTE).
Les préparatifs ont commencés dès l’été lors d’une séance d’essais au Circuit de Fay de Bretagne. Bien que les conditions aient été difficiles, entre pluie, huile sur la piste, et pneumatiques fatigués, ce roulage me permet d’identifier quelques « quick wins » sur l’ergonomie de la voiture. Il en résulte des devoirs de vacances pour Hervé qui en réalisera une grande partie.
Arrivée au circuit jeudi en fin d’après-midi pour monter notre Barnum commun. Roulage prévu en fin de matinée le lendemain alors « on est tranquille » sur ce nouveau format.
Vendredi matin mise en chauffe de la voiture. Il y a quelque chose de pas net sur la tenue du ralenti alors j’inspecte le faisceau et trouve la connectique du boitier papillon avec du jeu et dès qu’on la touche, le moteur s’emballe. Réparation de fortune pour éviter les problèmes sur la piste.
Séance d’essais dans l’après midi raccourci par un drapeau rouge. Je fais le 2è temps 1’51.6 en découvrant la voiture. Les sensations sont bonnes. Je suis correctement installé, Hervé a vraiment bien bossé. La voiture a autant de qualité que de défauts et il me faut du temps de roulage pour m’adapter.
Samedi matin séance qualificative. On ajuste la répartition de freins et c’est parti pour une séance sur le format 15 minutes par pilote + 5 minutes pour changer de pilote. 45 voitures en piste, tous les protos sont mélangés. Il fait froid, la piste est piégeuse et dès le premier tour plusieurs partent à la faute ; La séance est interrompue par un drapeau rouge. Relance, mais impossible de trouver un tour propre. Il y a trop de voitures en piste et trop de différence de vitesse. Changement de pilote sur la pit-lane, ça veut dire aussi changement de baquet. Ca prend un peu plus de temps que les 5 minutes prévues, c’est le jeu. Hervé part faire ses qualifs.
En ce qui me concerne ce sera P5 sur la grille, je paie le prix de ne pas avoir trouvé de tour clair avec un déficit de 1,5 secondes.
Course 1 à suivre à midi avec, comme originalité, un départ arrêté. La procédure de départ est dite « complète » cela veut dire sortie des stands -> placement sur la grille -> tour de chauffe -> retour sur la grille -> départ arrêté. N’ayant fait aucun départ arrêté avec cette voiture il va falloir apprendre très vite. Lors du tour de chauffe, je tente un départ en 2è vitesse. Je ne suis pas satisfait de ce que ça donne alors ce sera départ en 1ère vitesse. A l’extinction des feux je lâche l’embrayage et passe très rapidement la 2 pour bénéficier du couple du moteur. Là je débranche le cerveau et plein gaz jusqu’à la chicane Dunlop.
L’expérience de la course commence à rentrer et je sais ou me placer dans la courbe Dunlop et dans le freinage qui suit. Deux voitures en tête à queue me donne le prétexte pour couper la chicane comme mes deux concurrents devant. Le groupe des trois F5 Gallioz / Lebeaupin / Tabone recolle rapidement au peloton des SP-05 et la jonction est faite dans le virage du musée. A l’arrivée sur le garage vert la safety car est sortie. Sweet, on va pouvoir terminer la chauffe des pneus.
A la relance je perds quelques mètres sur Julien dans le virage du raccordement. Avec le recul ce n’est pas plus mal car dans la courbe Dunlop il perd la voiture et fait un demi tour juste devant moi. L’adrénaline monte d’un coup et j’ai les bons réflexes : j’élargis pour stabiliser la voiture, puis gros frein pour éviter de rentrer dans la voiture en perdition devant.
Dans la séquence j’ai récupéré une place et me voilà 2è de la course, mais devant, Gallioz a pu prendre quelques secondes d’avance. Il reste suffisamment de temps de course et je me mets en chasse de la première place. Là où devant ça freine, je freine 10 m plus tard. J’élargis la piste pour garder plus de vitesse dans les virages. D’habitude je chasse avec une voiture plus lourde et moins puissante que mes concurrents, alors j’apprécie l’équité technique des F5 qui permet au pilotage de faire la différence. Au bout de 3 tours j’ai recollé et la première occasion se présente. Au virage de la chapelle, la porte reste ouverte alors j’y mets la voiture. David referme mais je décide de laisser le pied, c’est à dire le bout du splitter avant qui vient frotter le pneu ARG de la voiture de David qui ne m’avait pas vu… Pas de conséquence et dans la manœuvre je prends l’ascendant psychologique et une très grosse pression sur le tour suivant.
L’opportunité se crée au garage vert qui est un double virage. Je sacrifie entièrement le premier droit pour venir placer ma voiture devant la sienne en sortie du virage
Au freinage suivant je suis positionné à l’intérieur et arrive à garder plus de vitesse. La manœuvre est alors conclue dans le chemin aux boeufs.
Je termine le tour en tête (petit coucou dans la ligne droite à Aurélie) et passe la chicane Dunlop avec quelques dixièmes d’avances. La situation se présente bien pour le dernier tiers de la course jusqu’à ce que le moteur ait des ratées. La perte de puissance m’empêche de garder la position et je termine la course en 3è place.
Après la cérémonie du podium je remets la voiture en route et j’entends un bruit dans le haut moteur qui n’est pas pour me rassurer.
Les ratées moteur ne sont pas solutionnées pour la course 2 et le bruit dans le moteur trop fort à mon goût, alors j’abandonne lors du tour de formation de la deuxième course. Je préfère préserver la mécanique d’Hervé.
Au final c’est un bon week-end car j’ai obtenu ce que j’étais venu chercher : me rassurer sur ma capacité à piloter et être rapide vis à vis des habitués de la discipline. J’ai même eu une mention dans le communiqué de presse Funyo .
La question qu’on ma posée de nombreuses fois ce week-end : ce que je pense de la Funyo F5. En quelques mots :
- Le moteur est un point fort.
- C’est flou dans les phases de frein et les virages rapides
- La voiture est facile et pardonne beaucoup de choses
- Les courses et les qualifs sont très disputées pour les places de devant
- Les courses monotype entraînent des dépassements au chausse pied
La fin de cette épreuve marque aussi la fin de notre saison sportive; à suivre une très très grosse séance de mécanique pour remettre les voitures en état.